Tour à tour ventriloque, équilibriste et contorsionniste, manipulatrice d’objets et jongleuse, adepte de l’étrange, l’étonnante Jeanne Mordoj invente une forme de spectacle forain contemporain, pour mieux regarder en face l’étrangeté tapie en l’être humain. Le Quartz accueille ses récentes créations réunies en un impressionnant diptyque. Deux solos aussi puissants que singuliers. Deux pépites à découvrir cette saison.
L’ERRANCE EST HUMAINE
Tout public
mercredi 3 (20h30), jeudi 4 (19h30) avril
durée : 1h10
L’Errance est humaine, 7e solo de Jeanne Mordoj, est une pièce de cirque sur le mouvement de ce qui ne dure pas. Que reste-t-il derrière soi ? Et s’il ne reste rien ? Cela ouvre à un espace libre, intemporel, joyeux. Ne pas laisser de traces peut devenir une évidence, le sens et le précieux de l’intensité du moment. La disparition est-elle ardemment souhaitée ou y-a-t-il malgré tout une tentation de la contourner, de la repousser, un désir ténu de laisser quelques souvenirs de son passage ? L’impalpable n’est-il pas plus intense, plus profondément vivant ? L’Errance est humaine est une quête de traces, de sens, de rituels et de liens enfouis, comme autant de tentatives de donner corps à la fascination de cette fragile condition.
LE BESTIAIRE D’HICHEM
Séances scolaires
jeudi 4 (14h30), vendredi 5 avril (10h et 14h30)
durée : 45mn
À partir de 6 ans
Sous la direction de Jeanne Mordoj, le jeune acrobate Hichem Chérif interprète son « bestiaire », la fascinante part sauvage de l’animal non domestiqué, son intensité, sa temporalité ramenée à l’instant présent. Et pour entrer dans cette énergie indomptée, l’artiste doit oser être entier, jouer des formes de son propre corps, de déformation, de transformation. Il lui faut transgresser, dépasser les bornes, pour s’emparer de la vitalité animale, en saisir l’esprit et le rythme. Le Bestiaire d’Hichem raconte sans mot ce lien avec le spontané, l’immédiateté de l’animal et s’adresse à des enfants qui entrent précisément dans l’âge où il leur est demandé d’être raisonnables.
Jeanne est une relativement petite femme aux yeux clairs, ironiques et farouches, pleine de rondeurs redressées : un faon militaire. Sur scène, le sens de la clownerie et une androgynie enfantine rappellent parfois Charlot. Libération