Le Triomphe de l’amour est un conte cruel et une fable politique tout à la fois. Cette alliance inédite chez Marivaux est une des surprises de la pièce. Le merveilleux metteur en scène Denis Podalydès s’en saisit et fait feu de tout bois. Il excelle dans l’art du marivaudage, notamment grâce à la présence sur scène de musiciens qui accompagnent avec malice la formidable troupe d’acteurs.
Dans Le Triomphe de l’amour, la princesse Léonide conçoit pour le prince Agis, rencontré dans une forêt, une attirance qui l’entraînera sur les chemins les plus périlleux. Ce jeune homme, héritier déchu de Sparte, et déçu par le monde, a trouvé refuge dans l’ermitage du philosophe Hermocrate qui vit là, replié, avec sa soeur Léontine. Tous deux forment un couple austère qui met un point d’honneur à tenir à distance toute affectivité et tout sentiment amoureux. Dans cette maison, où règne l’ordre et la rigueur, se trouvent également le valet Arlequin et le jardinier Dimas. Authentiques personnages de comédie, ils chahutent le quotidien par leur nature joueuse et insolente. Pour parvenir à approcher l’héritier légitime que l’on croyait disparu, Léonide, avec la complicité de Corine, sa suivante, décide de se travestir en homme afin de pénétrer plus aisément dans cet enclos de sagesse. Le subterfuge fonctionne à merveille, presque trop, et les situations vont se complexifier jusqu’à devenir de plus en plus excitantes et dangereuses…
La langue si belle, si cristalline est évidemment le premier « sujet » de cette comédie en trois actes et en prose. Un chef-d’œuvre. Le Figaro